Tribune de Genève – IA: le vertige de l’inconnu dans le monde de l’éducation

IA : le vertige de l’inconnu dans le monde de l’éducation

La vitesse d’implémentation de l’intelligence artificielle, IA, dans notre société est stupéfiante d’ampleur et de rapidité. Toutes les industries sont concernées, notamment la médecine, l’art, la finance, le marketing. Autant de secteurs qui connaissent une mutation en profondeur de leur activité.

L’univers académique est évidemment concerné. L’intelligence artificielle offre des perspectives immenses pour améliorer les pratiques d’enseignement et d’apprentissage. Le monde de l’éducation doit être le miroir de notre société et, par conséquent, assimiler avec rapidité cette nouvelle technologie. Le chemin menant à cette intégration est cependant très périlleux. Tous les fondamentaux vont être bouleversés.

Pour illustrer ce propos, prenons, par exemple, la notation des examens. Un étudiant dans ses recherches pour un devoir va utiliser les outils que la technologie que l’IA lui propose, l’approche est légitime.

Le problème est que la tentation d’en abuser est évidemment très forte et qu’en fin de compte, l’ensemble de l’examen soit le produit de l’IA. Comment le professeur peut-il gérer cette situation ? Où commence la tricherie ? Quel est le pourcentage admissible d’IA dans un devoir rendu par un étudiant : 20, 50, 80% ? Aucune charte réelle n’existe en la matière. Certains étudiants s’engouffrent dans cette brèche, profitant du flou actuel.

Cette révolution de l’IA dans l’académique peut aller plus loin et emmener les étudiants à questionner l’intérêt même de faire des devoirs. Si ChatGPT peut le faire a leur place, pourquoi développer des compétences dans la rédaction de dissertations ? Autant se consacrer à d’autres activités plus pratiques. Et du côté des enseignants, pourquoi corriger des devoirs faits par des machines ? Est-il temps de laisser plus de place au débat et aux projets définis par les étudiants eux-mêmes?

Ce sont donc des interrogations majeures, vertigineuses qui se présentent. Le problème est que le monde de l’éducation n’a pas le temps de s’organiser pour tenter d’y répondre. ChatGPT et autres déferlent à une allure invraisemblable, emportant toutes les habitudes, les certitudes avec eux. Une évidence s’impose, néanmoins : l’enseignement académique traditionnel doit évoluer pour composer avec cette nouvelle donne. Il s’agit d’un défi immense qui se présente à tous les acteurs du monde de l’éducation.