24H et Tribune de Genève – Gouverner par conviction ou par crainte ? Le dilemme des entreprises

Gouverner par conviction ou par crainte ?
Le dilemme des entreprises 

La décision du gouvernement américain de supprimer la plupart des programmes de diversité et de protection des minorités (DEI – Diversity, Equity and Inclusion) a de nombreuses conséquences qui dépassent largement le cadre politique, elles bouleversent la stratégie des entreprises.

Meta, Amazon ou McDonald’s…Beaucoup ont revu, voire abandonné, leurs engagements internes sur ces enjeux sociétaux. Ce changement abrupt met en péril les avancées réalisées sur plusieurs décennies dans les domaines de la Responsabilité Sociale des Entreprises, RSE, ainsi que dans les thématiques de l’Environnement, du Social et de la Gouvernance, ESG.

Sous l’effet de cette pression, les compagnies européennes ont dû, à leur tour, revisiter leurs stratégies. La Suisse n’est pas en reste, plusieurs de ses acteurs majeurs, exposés au marché américain, ont emboîté le pas à ce changement de paradigme. UBS et Roche, par exemple, ont rayé le terme de « diversité » de leur communication et revu à la baisse leurs engagements dans ce domaine.

En étudiant les causes profondes de ce changement de gouvernance, on s’aperçoit qu’il n’est pas le fruit d’une conviction mais plutôt la résultante d’une crainte de représailles qu’elles soient économiques, politiques, juridiques ou médiatiques.

La question qui en découle peut se formuler ainsi :

En réinventant son ADN par peur et non par conviction, une entreprise peut-elle être crédible auprès de ses employés et de ses clients ? 

La réponse est dans la question. Renoncer à ses valeurs crée confusion, perte de repères, défiance. Cela ouvre la porte aux conflits internes, dégrade le climat de travail et pousse les clients les plus engagés à partir.

Une politique d’entreprise se construit dans le temps. Elle ne se réinvente pas au gré des tendances politiques du moment. Il est primordial que les futurs dirigeants de demain, nos étudiants d’aujourd’hui, se familiarisent avec ces notions de RSE, ESG et DEI afin de les intégrer avec justesse dans la gestion d’une entreprise. Il s’agira de bâtir un socle de valeurs auquel les dirigeants, les employés et l’ensemble des parties prenantes pourront s’identifier.

Ce travail de pédagogie commence sur les bancs de l’école, de l’université. Il est impératif, au vu de cette période très troublée, d’intensifier l’enseignement de ces thématiques, seuls des dirigeants porteurs de convictions claires sauront inspirer et bâtir la confiance.