24H et Tribune de Genève – La place de l’IA dans la formation: ange ou démon?

La place de l’IA dans la formation: ange ou démon?

La principale critique faite à l’IA générative est qu’elle permet et encourage la tricherie : l’apprenant présente comme siens des travaux et devoirs dont il n’est pas l’auteur, s’épargnant la peine d’apprendre et trahissant la règle du jeu pédagogique convenue. Cependant, ce type de fraude existe depuis bien longtemps : le bon étudiant composant pour son voisin, le « passager clandestin » profitant indûment d’un travail d’équipe, l’enseignant monnayant ses savoirs sur commande, jusqu’aux « paper mills » (usines à articles) à l’échelle planétaire aujourd’hui. L’IA n’a fait qu’amplifier cette pratique. La seconde critique faite à l’IA est un préjudice envers les auteurs et leur production intellectuelle : le plagiat ; il s’agit d’un vol de propriété intellectuelle dont l’IA générative est présumée se nourrir dans sa moisson d’information au sein de la sphère numérique planétaire. Là encore, la pratique n’est pas nouvelle, bien qu’avec l’IA, son ampleur soit sans précédent.

Qui est lésé par ce comportement coupable de l’apprenant, boosté par l’IA ? Le formateur dont la pédagogie, basée sur la confiance et la transparence, est trompée. Le système éducatif qui ne sait plus comment enseigner ni comment évaluer avec certitude les acquis. Et l’apprenant, tenté de succomber à la paresse d’utiliser l’IA.

Cependant, en contrepoint de cet aspect, l’IA ouvre des possibilités très prometteuses pour apprendre de façon plus engagée, plus intelligente et plus efficace.

L’IA générative permet d’exploiter un formidable puits de savoir, des connaissances les plus théoriques aux techniques les plus complexes dans tous les domaines, à la disposition de tout un chacun, quasiment à tout moment, en tout lieu et à moindre coût; une ressource encyclopédique précieuse pour les apprenants et les formateurs.

L’IA appliquée à la réalité augmentée, quant à elle, fournit un complément d’information, une capacité supplémentaire d’appréhension et d’intelligence des situations et des problèmes, enrichissant l’expérience d’apprentissage et stimulant son efficacité.

Plus avant, l’IA appliquée à la réalité virtuelle ouvre la possibilité de modéliser une infinité de situations réelles permettant d’apprendre par l’action en s’exerçant grâce à des simulateurs dynamiques plus vrais que nature.

Enfin, l’IA appliquée à des agents coopératifs met à disposition de l’apprenant un compagnon d’apprentissage pouvant l’aider, voire le coacher au niveau intellectuel, émotionnel, relationnel et comportemental.

Pour conclure, l’IA est un outil, irréversible, puissant et dangereux à la fois, qui ouvre de grandes possibilités dans le domaine de la formation. Le secteur de la formation doit urgemment le prendre en main avec un esprit innovant.