L’écriture a-t-elle encore sa place dans une communication dominée par l’image ?
“La technologie évolue, mais l’intention d’expression écrite demeure. Elle se transpose d’ailleurs, comme à son habitude, sur les supports qui lui sont offerts”.
Notre intervenant Jean-François Fontaine Leonarduzzi publie une chronique dans le 24 heures et la Tribune de Genève du 3 mai 2024.
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L’écriture, cette discrète communicante
Commençons par une observation du quotidien. Une publication sur les réseaux sociaux est évaluée selon son nombre d’impressions, une vidéo par ses lectures. Et il est bien question, pour atteindre son audience, de passer par la diffusion. Alors pour-quoi, malgré toute cette terminologie, ne pas parler un peu plus d’écriture?
La technologie évolue, mais l’intention d’expression écrite demeure. Elle se transpose d’ailleurs, comme à son habitude, sur les supports qui lui sont offerts.
Après deux mille bonnes années de culture consciencieusement littéraire, le verbe qui structure est dé-laissé. Évoquons le tritium d’Alcuin de la Renaissance carolingienne : rhétorique, dialectique et grammaire semblent aussi anciennes qu’inutiles au premier abord. Peut-être est-ce le livre poussiéreux des demeures historiques qui en est le malheureux responsable. Il n’attire pas, demande trop de temps et n’évoque rien de divertissant face aux stimuli digitaux. De plus, une phrase ne se quantifie pas.
Il est toutefois intéressant de se ré-approprier la rédaction, cela selon les exigences du moment. Il s’agit toujours de présenter, mais de prendre les bons outils pour le faire. L’expression écrite doit alors muer : phrases courtes, temps du présent, vocabulaire marquant et ciblé, message tiré à sa première essence, histoire très émotionnelle et centrée sur l’expérience, les stratégies sont nombreuses. Il faut être empiriste. Les échos à l’image sont également majeurs, pour créer un dialogue fécond et épouser le support.
“La technologie évolue, mais l’intention d’expression écrite demeure.”
Donner ces ressources à de futurs professionnels, par un enseignement concentré sur le sujet, c’est mettre à disposition la capacité d’analyser le texte ou le discours, de le construire et surtout de le contextualiser. Synthétiser une intervention, rédiger un contenu, concevoir un fil rouge pour une campagne, proposer de la valeur par une réflexion pertinente, l’élan de rédaction sert à cela. C’est même un levier, qui fait résonner un certain vide, par son absence.
Dans cette dynamique, il n’est pas désuet de prêter attention à ses mots, à leurs tonalités et à leurs objectifs. L’écriture est une fondation de la communication. Aborder par l’exemple pratique, pour ensuite arriver à la règle semble être la méthode pédagogique payante. Que nous dit cette entreprise ? Avec quelles sémantiques ? Sous quel procédé narratif ? Ainsi, le verbe se dévoile, l’histoire se révèle, et c’est un véritable plaisir que de commencer à rédiger soi-même.
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